Le Sénégal vert, c’était là! Hélas! Appareil photo en panne. Hélas aussi, la pile de la caméra, pourtant rechargée durant la nuit, tourne court. Vous n’aurez donc que quelques aperçus de ce que j’ai vu.
Samedi dernier donc, l’abbé Pierre-Raoul Ciss, encore un fils de Louis-Thomas, nous annonce qu’il viendra nous prendre dans sa voiture à 11 heures pour nous emmener dans la paroisse où ils sert, à Mboro! mais il était en préparation de mariage je ne sais où. Mes pauvres oreilles ne comprennent pas tout même si c’est en français! Les palabres de mariage, on ne sait ni quand çà commence,ni quand çà finit vraiment. A midi, il nous embarque! J’avais prévu un solide petit déjeuner le matin…..
Nous prenons la route qui ne me semble pas être la plus courte, mais elle est tellement belle! Celle de Tivaouane, la deuxième ville sainte de l’islam au Sénégal, celle de la confrérie Tidjanes (islam marocain). Première station dans un village que je connais bien mais que je ne reconnais pas: Lalanne! Une jolie Eglise, un calvaire en bord de route comme en Bretagne et par derrière une jolie maison que je prends pour le presbytère. La paroisse est confiée à des religieux et des religieuses italiennes. “De mon temps” il n’existait que des cases en paille.Quel changement
Derrière Pierre Raoul, j’entre dans la concession! Bonheur! Je retrouve là l’abbé Raphaël Wade et ses sœurs “même père m^me mère” que j’avais vu à l’hôpital deux semaines auparavant. Il semble aller beaucoup mieux. Il parle m^me de voyage.Je trouve qu’il a encore besoin de repos. Ses sœurs aussi. Et forcément elles se souviennent; Ne les ai-je pas préparé autrefois à leur première communion? Et l’abbé d’ajouter: “Tu sais on n’a jamais oublié ta voix!” je vais finir par me prendre pour une “diva”. Mais le plus émouvant est qu’ils n’ont pas oublié les chants que je leur ai appris. C”était aussi probablement leurs premiers chants en français. les premiers chants qui ne sortaient pas du vieux folklore religieux breton traduit en wolof:”Sainte Anne ,ô bonne mère,intercédez pour nous”; il n’empêche que ces vieux airs sont encore parfois repris et aimé;leur rythme semble collé à l’âme africaine. Nous n’étions pas au presbytère mais dans la concession des Wade
Bref nous reprenons la route et par un long détour nous parvenons à la vraie route de Mboro. Au passage je reconnais les champs de rôniers de Pognine et de Diassap où j’allais gouter le vin de palme. Raphaël me l’a rappelé au passage en me donnant les noms de mes compagnons., les Thiaw et les Ndione. Raphaël atteint les soixante sept ans cette année. C’est une mémoire de la première évangélisation de cette région. Il est curé de Khombole. Un bled, une ville,dont je vous ai parlé l’an dernier.
Passé Tivaouane nous entrons dans un paysage que je n’avais jamais vu. Nous descendons vers la zone des niayes, des vallées marécageuses. Le pays vert! nous longeons des buissons d’euphorbe derrière lesquels se cache des cultures vivrières, des champs de manioc, de mangueraies, des papayeraies, et plus nous descendons plus la diversité des cultures est évidente. Près de Mboro je me suis cru transporté dans un “Ilot les Vases” surdimensionné. poireaux,carottes,pommes de terres,haricots verts, oignions, ail à foison; salades batavia surtout et quelques espèces inconnues mais gouteuses
.Pas d’artichaut cependant! Dommage! Beaucoup d’arbres aux feuilles pendantes comme des langues assoiffées, car à cette heure là la chaleur est torride et il n’a toujours pas plu.Dans cette région les plantes aux racines profondes s’en tirent bien car l’eau n’est pas loin; elle affleure m^me le sol au niveau des cultures maraichères, forme de petites mares dans les endroits les plus feuillus. On peut tout cultiver, ce n’est qu’une question d’eau
Et d’amélioration des terres. Le sable, on le sait,n’est pas très fertile et ne l’est plus guère quand l’humus généré par les plantes qui y poussent et y meurent chaque année est épuisé. Or, miracle de la création, le territoire de Mboro offre, à ciel ouvert des carrières de phosphate de chaux, engrais spécifique des terrains où la marne est reine, les terrains marécageux! Une énorme entreprise d’extraction de cette manne nourricière a donné naissance à la ville industrielle de Mboro. Une seule industrie,ô combien bénéfique! Des salaires versés, des maisons construites, des gosses bien nourris.
Et bientôt le tourisme, car la plage est magnifique, comme en Vendée à St jean de Monts; Pas encore de structure bien organisée. Quelques pilleurs de sites, étrangers et blancs pour la plupart ou nouveaux milliardaires du régime Wade…pour avoir villa les pieds dans l’eau. La plage est à 5 kilomètres de la ville industrielle;il y fait tellement bon que j’y aurais bien dormi,mais un habitant m’a dit que les lékke doul sortent la nuit faire le nettoyage de l ’endroit. Lekkedoul est le nom wolof de certains crabes.Je ne vous traduit pas le terme; Ils sont très bons à manger cependant; lors de séjour à Joal ou à Palmarin autrefois j’en ai fait mes délices.
Je vous embrasse tous;heureux d’avoir vu les Michel ce soir